JazzCreature !
Hommage à mon vieux pote Ludovic Louis (Lenny Kravitz, Black Eyed Peas, Kanye West) avec qui j’ai eu à nouveau le plaisir au début l’année dernière, de bosser sur les visuels de « REBIRTH », son premier album solo. Une petite merveille de Jazz, musique Caribéenne et de Funk Nu-Soul, qui va sortir prochainement en juin. Je vous propose d’ailleurs ici, en petit aperçu musical, un extrait de sa participation à l’émission CultureBox :
Quel parcours passionnant pour cet incroyable trompettiste originaire du havre ! Qui non content d’être devenu un instrumentiste de premier plan à l’international, a aussi réalisé son rêve d’ «acting » en interprétant son propre rôle dans la série « The Eddy » (produit et en partie réalisé par Damien Chazelle, Oscarisé pour Lalaland) en compagnie d’un autre pote d’Amérique, le légendaire Randy Kerber (John Williams, quincy Jones, etc...) devenu parisien un an avant le tournage. C’est mon frangin Kamil Rustam qui en 2013 nous présenta à Los Angeles avec Ludo. Je bossai alors sur mon projet de série TV et en parlant du scénario avec Kamil, dans lequel un mystérieux trompettiste devait prendre place. Il eut l’idée d’en parler à Ludo qui lui aussi, venait d’arriver sur L.A pour tenter sa chance. Il lui proposa de venir interpréter en studio un thème que j’avais composé pour une trompette bouchée devant figurer sur mon premier E.P (future B.O du projet « NL »). Superbe rencontre qui finalement nous amena à bosser et enregistrer tous les titres ensemble, après qu’il soit venu assister aux sessions d’enregistrement des instrumentaux pour l’album, au fameux Bell Sound Studio (Hollywood). Certains des musiciens présent sur mon EP comme Ric’Key Pageot, JayJay Robert Smith ou Gorden Campbell, figurent par ailleurs sur l’album de Ludovic.
« Missing you » le premier titre de son album me rappel cette émotion partagée, un soir devant un plat de pâtes chez Cheebo, le repère de Kamil à L.A, où nous avions évoqué les moments de désarrois et le manque de nos proches, que ressentent les expatriés dans une ville et un milieu où il est généralement nécessaire de se contenir, de garder le sourire en permanence sans jamais s'épancher. Le paradoxe est que les gens se battent pour être le réceptacle de tes problèmes une fois que tu est au top.
Le dernier soir d’enregistrement pour mon album, en l’absence de Michael Leck le réalisateur, je filmais seul les sessions de cuivres destinées au making of du projet, pendant que Kamil dirigeait la session. Ce fut un moment très particulier pour moi. La crainte de rater mes prises de vues et le sentiment d’être sur le point de mettre un point final à ces sessions, avaient rendu ce moment très émouvant et je me rappel d’un Ludo particulièrement touché et dévoué, qui malgré d’autres obligations professionnelles prévues le même soir, mit un point d’honneur à finir coûte que coûte ses solos pour Noisy Lights. Il devait en effet partir accompagner Rumer Willis sur scène, et malgré une conduite sportive en Mode « Drive and Furious », je ne parvins pas à le ramener à l’heure pour ce concert privé. La manageuse de Rumer le congédia à son arrivée à la fin du set, mais je dois préciser à son crédit, que Miss Willis, avec un charmant flegme hérité d’un Corben Dallas en mode« c’est pas grave ma Lilou », fut elle particulièrement fair play et compréhensive avec nous. Ce qui allégea un peu mon sentiment de culpabilité !
Que de souvenirs formidables ! Grâce à Ludo et Kamil, j’ai pu réaliser mon rêve de gentilhomme provençal, venu de sa cambrousse Pagnolesque pour faire le tour des gargotes jazzy et funky de Los Angeles. Où même les meilleurs musiciens de New York comme Marcus Miller ont posé basses et bardas (ça à bien changé depuis, j’y reviendrais un peu plus tard !). Ludovic, en vue de pouvoir se faire une place dans un univers ultra compétitif et parfaire son jeu déjà exceptionnel, cumulait rapidement les « jams » dans tout L.A, en plus de ses « gigs » ou contrats de sideman, des séances de studios et des émissions tv. Un monde nocturne et musical où tu peux t’attendre chaque soir, au détour d’une scène à moitié éclairée, à devoir te confronter musicalement au nouveau Jacob Collier du moment. Ce n’est pas que ça joue grave par-la-bas, c’est juste monstrueux ! Et les français comme mon pote Antoine Katz ou Hadrien Féraud ne sont pas en reste ! Nous partions donc en goguette de clubs en clubs, du Café Cordial sur Ventura (aujourd’hui malheureusement fermé) où traînait sur scène Johnny avec Kamil, Amy Keys et toute la bande que je filmais souvent, avec les musiciens de Phil Collins ou Chic Coréa. Du Baked Potato en passant par Harvelle’s à Santa Monica, où nous retrouvions très souvent Ric’key Pageot, Dessy Di Lauro et leur excellent groupe, qui venaient y faire sonner leur explosif Ragtime détonnant, matiné de funk, de jazz et de hip hop ! Cette ville est remplie d’endroit insolite, comme Hessob, ce tout petit resto Ethiopien sur Fairfax, où nous eûmes l’occasion un soir d’y retrouver les musiciens de Justin Timberlake avec sa formidable section de cuivre, jouant devant un coin de vitrine ! Une soirée heureusement fournie sans Justin, un autre fatigué qui veut te faire croire qu’Hillary Clinton c’est mieux que Gandhy.
L’énergie de cette ville est phénoménale et prendre un café informel pour discuter de projet, y est bien plus simple et naturel que chez nous en France. Et surtout dans le sud en (dans le milieu artistique j’entends... on est quand même en « zone 51 » pour le reste !). Cette facilité, pour peux que tu soit recommandé, ce qui n'est pas systématique il faut aussi le préciser, et même chez eux un moteur essentiel. Chaque régions du monde à ses propres mode de fonctionnement et c’est très bien ainsi. Le niveau musical (ou artistique) y est phénoménal car c’est depuis le plus jeune âge que souvent de grands virtuoses en herbe, participent à la vie de leur communauté en accompagnant la chorale et l’orchestre de l’église locale. J’assistais souvent à l’église au deuxième office du dimanche matin, avec mon pote Kamil, qui faisait parti d’un groupe de Gospel Shop près de L.A. Une incroyable formation de musiciens, composé du remarquable Eddy Brown, prévu à l'origine sur mon EP, clavieriste-organiste (qui officie auprès de Stevie Wonder depuis de nombreuses années), ou bien Herman Jackson (Marcus Miller, Whitney Houston, Stevie Wonder) Ethan Farmer (le prodigieux bassiste d’Aretha Franklin, Kirk Franklin, Christina Aguillera), ou Le tueur en série de basse Alex Al (Arsenio All Show etc...probablement le meilleur bassiste de L.A !). Et bien d’autre musiciens incontournables. Ces artistes-là font partis de la vie de la cité et rendent l’excellence plus accessible. Et sont surtout, souvent beaucoup plus humbles que nombre de musiciens français ou artistes que j’ai pu rencontrer.
Mon approche de la musique est aujourd’hui sensiblement différente et si il ne m’a pas été possible pour différentes raisons sur mon E.P « Studio » de pouvoir proposer les titres les plus "péchus", épiques ou orchestrés, cette immersion musicale prolongée dans ces contrées du groove, m’a apporté une autre approche de la composition. Ou confirmé je dirais, la nécessité de poursuivre m'on approche naturelle, pour être tout à fait honnête. Se faire confiance est essentiel et l’essentiel c’est l’authenticité. Travailler seul et enregistrer toutes les bases principales en premier lieu me convient mieux. Dans la mesure où aujourd’hui, il m’est plus facile de concevoir en amont la place nécessaire à toute forme de collaboration à venir sur un titre. En matière de musique ou de visuel, il me faut poser les bases les plus définitives afin de respecter au mieux mon inspiration première. Je n’ai jamais retrouvé sur Marseille ou dans notre magnifique région, cette approche musicale et artistique, où même ce type de musiciens ou artistes, ouverts et « all road ». Même si la scène Jazzy notamment, y est très prometteuse. La Provence est un lieu où s’extraire du monde pour travailler est exceptionnel, unique même ! Mais où il est plus difficile de proposer des projets trop particuliers, tout simplement parce que les structures établies et les mentalités ne s'y prête peut être pas souvent. De fait c’est souvent de l’extérieur que l’on me demande et c’est vers là que je retourne au final.
Je remercie encore mon pote Ludo pour sa confiance par-delà les années et à qui je souhaite le meilleur avec son bébé musical (en gestation depuis près de 15 ans !). De nombreuses propositions visuelles n’ont pas été retenues par son agence mais j’y ai pris beaucoup de plaisir sur ce projet. On se retrouvera bientôt pour de nouvelles aventures …
Bises JL,
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